Il était évident que cette soirée serait inoubliable ; voir Joe Bonamassa en concert, c’est retrouver une technique mais également une musicalité hors du commun. Ce musicien a fait parler de lui très jeune ; né en 1977, le virtuose n’aura que 12 petites années quand il fera la première partie de la légende du blues B.B. King, et seulement 14 ans quand il sera convié à jouer au Fender Guitar Event.
Aujourd’hui, Bonamassa, du haut de ses 37ans, est un musicien mondialement reconnu. En solo, on compte 10 albums studio et 11 albums live : hors de question de mettre sa créativité en doute! Toutefois, les artistes peuvent décevoir entre le studio et le live, ou complètement l’inverse, augmentent le respect que l’on a déjà pour eux grâce à leurs prestations. Retour sur le concert de ce nouveau phénomène du blues, au zénith de Strasbourg.
Première surprise, Bonamassa ne jouera pas exactement la même setlist qu’à Lille, présentée cinq jours auparavant ; point plus que positif, on sent une envie de l’artiste de ne pas tourner en rond, et de ne pas présenter un spectacle vu et revu, ce qui donnera un live très vivant. Il est important également de noter la ponctualité du personnage : montre en main, la musique d’introduction (un thème de « Planet Of the Apes ») commencera à 19H58, et c’est à 20H00 pile qu’on entendra les premières notes de la guitare de Joe Bonamassa.
Après une légère improvisation, c’est sur le morceau Dust Bowl que nous découvririons l’équipe de musiciens. Et en parlant de musiciens Bonamassa sait s’entourer… Carmine Rojas à la basse (David Bowie), Tal Bergman à la batterie (Billy Idol, Chaka Khan…), Derek Sherinian aux claviers (Dream Theater…), Lenny Castro aux percussions (Eric Clapton, Stevie Wonder, Tom Petty, John Mayer, Rolling Stones…). Rien à dire, les musiciens sont des monstres.
Le concert se déroulera comme tout le monde l’attendait : des improvisations d’une musicalité déconcertante, et le toucher et la voix de Bonamassa nous dévoilent une précision absolument merveilleuse. La recherche du son est riche, un grain très personnel ; cette recherche est devenue rare chez la plupart des musiciens. C’est donc une signature et un jeu très personnel que nous livre le virtuose. Bien que les solos de guitares soient (évidemment) très mis en avant, Bonamassa est écoutable par tous ; jouant sur le volume de sa guitare, ses solos iront de la ballade calme, aux solos très techniques s’approchant parfois même du shred (mais toujours dans une harmonie blues), enchainant les plans en aller-retour et en legato. La setlist rassemblera des morceaux de différents albums : « Oh Beautiful », « Slow Train », « Who’s Been Talking? », la géniale « The Ballad Of John Henry »… Bref, un concert d’une heure et demie qui tournera majoritairement sur les trois albums studios « Dust Bowl », « The Ballad Of John Henry » et « Driving Towards The Daylight ». Après le morceau « The Ballad Of John Henry », qui inclura des improvisations de clavier, de batterie, de percussions, et bien entendu de guitare, l’équipe sort de scène. Ils reviendront jouer le magnifique « Django Moutain Time » en rappel, et quitterons la scène après un ultime salut.
En sortant du concert, on entendra plusieurs fois une remarque : « il n’aura pas parlé beaucoup ! ». Et je confirme, Mr Bonamassa n’a pas l’air d’aimer parler beaucoup à son public, mais ce n’est en rien une reproche : l’homme est là pour jouer, et c’est ce qu’il fait à merveille. Nous remerciant pendant le concert deux ou trois fois de notre présence, nous savourions la sienne grâce à ses solos et à sa présence absolument incroyable.
Après avoir parlé du concert, vous attendez sans doute qu’on vous parle du matériel utilisé… Dur de s’en rendre compte de loin, mais on a quand même essayé de faire le boulot ! Pour les guitares, on compte pas moins de 8 Gibson Les Paul dont deux ont une tête de manche Firebird (magnifique Custom Order sans doute demandée par Bonamassa himself…), une Fender Stratocaster, et une Musicman Dark Morse pour le final. Question amplification, Joe Bonamassa se fait plaisir : deux têtes Marshall Silver Jubilee 100W, une tête Van Weelden Twinkleland, et une ultra rare Ceriatone Overton Special, toutes reliées à deux baffles 4×12 (impossible d’en dire plus sur les baffles malheureusement…).
Je conclurai sur ceci : que vous soyez guitariste ou non, musicien ou non, foncez vous prendre une place pour Joe Bonamassa. Ses solos régaleront n’importe quelle personne un tant soit peu amoureux du Blues et du Rock, et vous vous souviendrez de la prestation. Et concernant le débat « les artistes peuvent décevoir entre le studio et le live, ou complètement l’inverse, augmentent le respect que l’on a déjà pour eux grâce à leurs prestations », il est clair que Joe Bonamassa fait parti de la deuxième catégorie, et en tête de liste.
François Tuphé